<BASE HREF="file:///E|/TEMP/FTRICORD.htm">

<HTML>
<HEAD>
<TITLE>Eric Marandas, René Caussé, Vincent Gibiat (ESPCI): Accord des cordes triples du piano (ISMA 95, Dourdan 1995). Médiathèque de l'Ircam © Ircam, 1996-8 - Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique - Paris, France
</TITLE>
<META NAME="keywords" CONTENTS="music, acoustics, musicology, dsp, computer music, synthesis, music library, online catalog, concert, IRCAM, MIDI, audio, multimedia, mediatheque, contemporary music">
<META NAME="description" CONTENT="Online article / article disponible en ligne">












</HEAD>
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<BR><FONT SIZE=2>Serveur © IRCAM - CENTRE GEORGES-POMPIDOU 1996, 1997, 1998. Tous droits réservés pour tous pays. <I>All rights reserved.</I></FONT>
       





<CENTER>
<!--TIT--><H1 ALIGN=CENTER>Accord des cordes triples du piano</H1>
<!--AUT-->Eric Marandas, René Caussé, Vincent Gibiat (ESPCI)
<P>
<!--PUB--><B>ISMA 95, Dourdan 1995</B>
<BR>
<!--COP-->Copyright © ISMA 1995
</CENTER><HR>
<I>(<A HREF="index-e.html">English version</A>)</I><BR>
<H2>Résumé</H2><P>
Les deux ou trois cordes frappées par un même marteau
correspondant à une note de piano sont-elles accordées exactement
à l'unisson&nbsp;? On a utilisé une procédure
expérimentale de détermination fine de fréquence,
procédant par comptage de passages par zéro de la composante
fondamentale du signal temporel de pression acoustique, pour chaque corde
vibrant seule (les autres étant bloquées). On a mesuré
ainsi un "écart à l'unisson", c'est à dire l'écart
fréquentiel entre la corde la plus "grave" et la plus "aiguë" d'une
même note, pour le registre medium du piano (entre Fa1 et Do5). <P>
Trois séries de mesures, effectuées après accordages des
instruments, permettent de proposer un écart à l'unisson moyen
d'environ 0,5 cent (&nbsp;1/200e de demi-ton tempéré&nbsp;). Cette valeur
est trois fois inférieure à celle admise pour la
résolution de l'oreille en fréquences proches, dans des
études de psycho-acoustique.<P>
<H2>1. La double décroissance</H2>
Une particularité remarquable du piano est le
phénomène de <I>double décroissance</I>
présenté par l'enveloppe sonore&nbsp;: le son immédiat, qui
suit la frappe des cordes par le marteau, et dont l'intensité
décroît rapidement, puis le son rémanent, une demi à
trois secondes plus tard (en fonction du registre), situé à un
niveau beaucoup plus faible, mais de décroissance très lente (
consulter les références <A HREF="#1">1</A> et <A HREF="#2">2</A> pour une typologie
détaillée des enveloppes globales des sons de piano&nbsp;).<P>
Le phénomène de double décroissance a été
interprété par G. Weinreich <A HREF="#3">3</A> (repris en langue
française&nbsp;: <A HREF="#4">4</A>). Il résulte principalement de <I>couplages
dynamiques entre les cordes d'un choeur, sous l'action du mouvement du
chevalet</I>. Les conditions initiales appliquées aux cordes (
amplitudes de mouvement et/ou fréquences pas parfaitement identiques&nbsp;)
jouent alors un rôle crucial dans l'apparition de la double
décroissance.<P>
Sur la base d'un article de R.E. Kirk <A HREF="#5">5</A>, faisant état de mesures  d'
"écarts à l'unisson" très variables d'une note à
l'autre, après accordage par des professionnels, Weinreich conclut que
les accordeurs doivent "harmoniser" les rémanences note à note,
en jouant sur de petits désaccords d'unissons. En effet, il montre que
de très petites variations de ces écarts à l'unisson
permettent, sans provoquer de battements audibles, de modifier les pentes des
décroissances d'amplitude.<P>
<H2>2. Mesures d'écarts à l'unisson</H2>
Le travail présenté ici a été motivé
par les constatations suivantes&nbsp;:<P>
* Les "mesures" de Kirk, qui donne pour les écarts à l'unisson,
une valeur moyenne de 1,5 cents, ont été effectuées avec
un stroboscope Conn. Cet appareil, utilisé il y a quelques
décennies, permet l'évaluation de la fréquence de
composantes sonores par ajustage visuel de disques stroboscopiques. Or, sa
précision n'excède pas 1 cent, soit une incertitude de l'ordre de
grandeur des valeurs mesurées&nbsp;! <P>
* Dans son article de 1977, Weinreich appelait de ses voeux des études
expérimentales complémentaires sur des pianos accordés. On
a donc tenté de mettre au point une procédure fiable de mesure
de fréquences, en  gardant à l'esprit un échange constant
entre le  savoir  technique et la démarche scientifique, l'un des
auteurs du présent travail étant lui-même accordeur.<P>
<H3>2.1 Procédure expérimentale</H3>
On limite l'étude aux notes du registre medium (entre Fa1 et
Do5), et à leurs seules composantes fondamentales (soit une gamme de
fréquence allant de 0,1 à 1 kHz environ), qui contiennent
l'essentiel de l'énergie sonore. Sur les pianos utilisés, cette
zone ne contient que des triplets de cordes en acier.<P>
On a délaissé les notes graves, d'une part à cause des
inhomogénéités causées par le filage de cuivre
entourant les cordes, qui font de chacune un cas particulier, et aussi parce
que l'énergie rayonnée par les fondamentales est faible dans ce
registre.<P>
On a aussi renoncé à inclure dans nos mesures les extrêmes
aiguës&nbsp;: l'extinction rapide du son dans les deux derniers octaves rendant
impossible l'utilisation de notre procédure.<P>
On souhaite atteindre, pour les mesures de fréquences, une
précision expérimentale d'environ 0,1 cent (soit 5/100000e
d'erreur relative). Or, les sons de piano ne sont pas stationnaires, et pour
travailler sur des intervalles de temps d'analyse suffisamment courts, on a
choisi une technique de comptage de passages par zéro (schéma du
montage&nbsp;: figure 1).<P>
<IMG SRC="figure1.gif"><P>
<B>Figure 1: Experimental Probe for Measurements of Mistunings</B><P>
Considérant une incertitude égale à la période
d'échantillonnage (1/Fe) sur la détermination du temps
séparant deux passages par zéro (de même sens et sur un
nombre P de périodes), l'erreur relative sur la fréquence F est
:<P>
[[Delta]]F / F  =  F / (P * Fe)        ,<P>
soit, pour des fréquences allant de 0,1 à 1 kHz et une
période d'échantillonnage de 1/64000 s., la
nécessité de moyenner les périodes sur 0,25 s. (soit entre
50 et 500 périodes), pour atteindre la précision requise. Cet
intervalle de 0,25 s. est suffisamment court, pour la décroissance du
son émanant d'une seule corde, pour que l'on puisse considérer le
signal comme quasi-stationnaire.<P>
On a réalisé plusieurs séries de mesures, toutes
immédiatement après des accordages&nbsp;:<P>
* sur un piano quart de queue (1,90 m), de marque Petrof, situé dans un
studio "insonorisé", deux séries de mesures à deux mois
d'intervalle. Avant le premier accord, la mécanique du piano avait
été entièrement réglée. En particulier, on
doit assurer une arrivée "franche" du marteau sur les cordes, avec une
surface de feutre la plus uniforme possible. On agit ainsi finement sur les
conditions initiales imposées aux cordes par le choc du marteau.<P>
* sur un des Steinway de concert de l'IRCAM (modèle D, n° 450610).
L'accord a été réalisé par un deuxième
technicien. Le piano n'a visiblement pas été harmonisé
depuis longtemps, il présente des irrégularités de
réglage, mais il a été accordé "tel quel".<P>
La qualité auditive de l'accord d'un choeur dépend tout autant
des opérations de réglage de la mécanique, et de leur
<I>régularité</I>  sur l'ensemble du clavier, que de l'ajustage
des fréquences avec la clef d'accord. En particulier, on peut
améliorer un choeur déficient et rétif à l'accord,
par l'harmonisation, c'est-à-dire par le piquage à l'aide d'une
aiguille, de la texture du feutre de marteau. Lors du deuxième accord du
Petrof, on a constaté que le piano était plus "difficile", son
timbre s'était dégradé. Il faut probablement mettre cela
sur le compte des conditions régnant dans le local où il se
trouvait&nbsp;: isolation phonique rimant souvent avec isolation thermique, les
feutres de marteaux s'étaient desséchés, provoquant une
frappe plus "dure". Les accordeurs constatent tous l'influence de
l'hygrométrie sur les feutres de marteaux (lors des mois chauds
d'été, par exemple).<P>
<H3>2.2 Résultats</H3>
La figure 2 présente un exemple de résultats de mesures
d'écarts à l'unisson (&nbsp;l'écart fréquentiel,
exprimé en cents, entre la corde la plus "grave" et la plus "aiguë"
d'un triplet&nbsp;) dans le registre medium. On a enregistré les cordes des
triplets une à une, les autres étant bloquées.<P>
On a retenu les mesures pour lesquelles les fréquences de chacune des 3
cordes étaient stables (à + ou - 0,1 cent près), pendant
une durée d'au moins 1 seconde, une demi-seconde après le
début de l'enregistrement, qui coïncide avec le début du son
(durée des prises&nbsp;: 2 s.). Dans ce cas, l'écart à
l'unisson trouvé est le même, que l'on moyenne sur n'importe quel
intervalle de temps de 0,25 s. Ceci donne, à notre avis, une bonne
fiabilité aux résultats (un exemple de mesure est donné
figure 3).<P>
Les notes pour lesquelles ces conditions n'étaient pas remplies
(fréquences d'une ou plusieurs cordes "instables") n'ont pas
été prises en compte (ce qui ne signifie pas pour autant qu'elles
soient inintéressantes), et sont en noir sur le clavier de la figure
2.<P>
Les notes hachurées (graves et aiguës) n'ont pas été
étudiées.<P>
On s'est livré à un petit jeu, sans connaître le
résultat des mesures&nbsp;: il s'agissait de juger, <I>à l'oreille</I>
, juste après les accords, quels choeurs n'étaient pas totalement
satisfaisants.<P>
Il est intéressant de noter que, dans 50% des cas pour le Petrof et 75%
pour le Steinway, ces choeurs difficilement accordables se sont
avérés "non mesurables", selon les critères exposés
ci-dessus.<P>
De plus, on retrouve pratiquement les mêmes notes non mesurables, d'un
accord à l'autre pour le Petrof (7 sur 10).<P>
Enfin, on constate que le nombre de choeurs retenus est moins grand pour le
Steinway (24 sur 44 étudiés, au lieu des 29 sur 39 du Petrof).<P>
Bien entendu, il est difficile de démêler, dans ces informations,
ce qui est imputable à la procédure expérimentale (la
technique des passages par zéro peut échouer, si le signal est
d'amplitude trop faible, s'il présente des fluctuations, des battements
d'amplitude trop importants...), de ce qui émane vraiment du
comportement de l'instrument. Cependant, on a constaté que si on
harmonisait (par piquage du feutre de marteau), un choeur déficient
à l'oreille et "non mesurable", il pouvait devenir "apte" au traitement
expérimental.<P>
Ainsi pourrait s'expliquer le fait que moins de notes aient été
retenues sur le Steinway, étant donné l'imperfection de ses
réglages mécaniques.<P>
En tout cas, cela illustre l'imbrication de paramètres multiples et
parfois insoupçonnables, rendant délicate toute tentative de
mesure sur un instrument de musique.<P>
Sur la figure 2, on a porté la valeur moyenne et l' écart-type
des écarts à l'unisson pour le registre medium.<P>
<H2>3.  Discussion</H2>
Les psycho-acousticiens donnent généralement, pour le pouvoir de
séparation de l'oreille entre sons purs de fréquences voisines
(l'oreille utilise alors les battements d'amplitude), une valeur de 1 / 1000e
(à 1000 Hz), soit 1,7 cents (voir à ce sujet&nbsp;: Riesz  <A HREF="#6">6</A>). Kirk
<A HREF="#5">5</A> proposait d'ailleurs la même valeur de 1,5 cents pour les
écarts à l'unisson moyens mesurés sur ses pianos
accordés, et pour ceux que préféraient, lors de tests
subjectifs qu'il a réalisé, différents groupes de
"sujets".<P>
<IMG SRC="figure2.gif"><P>
<B>Figure 2: Example of Mesurement of Mistuning (C3= 262Hz)</B><P>
<IMG SRC="figure3.gif"><P>
Nos mesures révèlent des valeurs moyennes d'écarts
à l'unisson deux à trois fois plus petites, avec peu de variation
sur l'ensemble de la tessiture étudiée.<P>
Se pose alors la question de savoir si notre oreille peut évaluer des
écarts aussi infimes, pour lesquels d'ailleurs, on ne perçoit
plus de battements.<P>
Dans l'état actuel de notre recherche, on n'a pu trancher entre les
hypothèses suivantes&nbsp;:<P>
Nos résultats ne sont-ils que le reflet d'une simple répartition
statistique (en admettant que l'oreille ne puisse déceler de
différence entre des écarts à l'unisson inférieurs
à 1,5 cents)&nbsp;?<P>
Ou bien le  pouvoir séparateur de l'oreille est-il fonction de la
perception du son "global" (dans notre travail, nous nous sommes restreints
à l'étude des fondamentales seules)&nbsp;?<P>
Ou encore (c'est l'hypothèse de Weinreich), l'appréciation fine
de la justesse pourrait s'effectuer, non pas grâce aux fréquences,
mais avec l'écoute des taux de décroissances, réglables
à l'aide du désaccord entre les cordes. Cependant, nos deux
séries de mesures sur le même piano accordé deux fois par
la même personne, ne font pas apparaître de cohérence
flagrante entre les écarts à l'unisson pour chaque note, d'une
fois sur l'autre ...<P>
<H2>Références</H2><P>
<B><A NAME="1">1</A></B>Martin, D.W.,  "Decay rates of piano tones", J.Acoust.Soc.Am. 19
(4), 1947, p. 535-541.<P>
<P>
<B><A NAME="2">2</A></B>Meyer, J. &amp; Melka, A.,  "Messung und darstellung des
ausklingverhaltens von klavieren", Das Musikinstrument 32, 1983, p.
1049-1064.<P>
<P>
<B><A NAME="3">3</A></B>Weinreich, G.,  "Coupled piano strings", J.Acoust.Soc.Am. 62 (6),
1977, p. 1474-1484.<P>
<P>
<B><A NAME="4">4</A></B>Weinreich, G.,  <I>Comment vibrent les cordes d'un piano</I>,  Pour
la science &nbsp;, Belin, Paris, 1979.<P>
<P>
<B><A NAME="5">5</A></B>Kirk, R.E.,  "Tuning preferences for piano unison groups",
J.Acoust.Soc.Am. 31 (12), 1959, p. 1644-1648.<P>
<P>
<B><A NAME="6">6</A></B>Riesz, R.R.,  "Differential intensity sensitivity of the ear for
pure tones", Physical Review  31, 1928, p.867-875.<P>

<P><FONT SIZE=2>____________________________<BR><B><A HREF="/index.html" TARGET=_top>Serveur</A> © IRCAM-CGP, 1996, 1997, 1998</B> - document mis à jour le  20/06/1997 à 11h03m40s.
Pour écrire: <A HREF=/messages/mail.html>MESSAGE</A></FONT>


</BODY>
</HTML>